Lors d’un accident, Edgard John Augustin a perdu ses 2 jambes et il est aujourd’hui champion de bodybuilding !
Edgard explique qu’un soir, alors qu’il avait 4 ans, sa mère a perdu le contrôle de son véhicule sur l’autoroute. Il se rappelle des cris de sa mère, de la vision du sang, partout et de la perte de ses deux jambes à partir d’en dessous de ses genoux. Son grand frère assis à l’arrière a quant à lui perdu une de ses jambes. C’est un morceau de rampe d’autoroute qui a traversé la lunette arrière et provoqué ces graves blessures.
Sa mère a eu quelques doigts cassés.
Amenés à l’hôpital, les frères avaient perdu beaucoup de sang. Edgard âgé de 30 ans à présent (2016) s’estime « chanceux d’en être sorti vivant ».
Leur mère ressent toujours le poids de la culpabilité dans son cœur que ses deux garçons soient handicapés.
Un nouveau départ
Après être sorti de l’hôpital, Edgard a été transporté dans un endroit de Paris spécialisé dans la réhabilitation d’anciens combattants et d’autres amputés. Il y passera l’année suivante pour apprendre à marcher à nouveau et se faire à son nouveau mode de vie.
Il dit « Ce fut un long processus qui a exigé beaucoup de patience. […] Au début, j’étais dépendant de barres parallèles pour me mettre debout et me déplacer. Avec le temps j’ai appris progressivement à marcher avec des béquilles, puis seul, avec mes prothèses de jambes. ».
Ces 12 mois ont été semblables l’apprentissage de la marche chez un enfant.
Et même si ses prothèses ont été adaptées à l’âge adulte, la marche n’est pas devenue une aussi naturelle que pour les autres.
Il explique : « Le plus difficile lorsque l’on marche avec des prothèses c’est de gérer l’équilibre. […] L’absence de cheville et la fonction de rotation ne permettent pas de trouver facilement l’équilibre. […] Le haut de mon corps compense beaucoup l’aspect limité de mes jambes. […] Par exemple, si je ne m’accroche pas à quelque chose dans le bus ou le métro, il y a de grandes chances que je tombe ».
Après son séjour dans l’établissement de réadaptation, Edgard est retourné en Guyane française dans sa ville natale.
Le regard des autres et les commentaires à l’école ont été très douloureux.
Il raconte : « Les autres enfants regardaient mes jambes et se moquaient de moi. […] On m’a appelé « Jambes de robot ». Ça m’a parfois blessé et pesé ».
Il poursuit : « Si j’avais eu mon handicape à l’adolescente ou à l’âge adulte, je pense qu’il aurait été encore plus difficile pour moi d’y faire face. Au moins, dans mon cas, je ne connaissais pas vraiment d’autre façon de vivre, de sorte que si ça a été dur, cela ne l’a pas été autant mentalement et émotionnellement que si j’avais été frappé plus tard. Heureusement, je ne souffrais pas de pensées suicidaires et de dépression ».
Enfant, le sport n’était donc pas le truc d’Edgard : « Je préfère manger que de faire de l’exercice », dit-il en riant.
Malgré son handicap, il a, ironiquement, toujours excellé en course. Son point fort en éducation physique. « J’étais toujours plus rapide que tous les autres enfants de ma classe. Je ne sais pas pourquoi, mais je l’étais ».
La naissance du corps bionique
Edgard a découvert la gym après l’école secondaire sur Paris, alors qu’il était en BTS.
« C’était une manière de souffler, de me défouler et d’évacuer le stress pendant les périodes d’examens. Je n’étais pas obnubilé par avoir des abdominaux ultras dessinés et de gros biceps comme d’autres gars. La musculation me permettait juste de me sentir bien. J’aime ce que la musculation a apporté à mon corps et mon esprit ».
Après quelques années passées à l’entrainement en musculation, Edgard a été contacté par un photographe sportif par le biais d’un ami en commun. Il ne savait alors pas que cela allait lui ouvrir une nouvelle porte.
« Le photographe était à la recherche d’un sportif athlétique pour un shooting, et une de mes collègues qui le connaissaient m’a suggéré d’entre en contact avec lui. Je l’ai contacté et lui ai expliqué ma situation, ce qui lui a donné l’idée de faire une séance photo de motivation, autour de mon handicap « .
Edgard était réticent au début, voulant garder son handicap privé. En réalité, les personnes en dehors de sa famille et de ses amis proches n’étaient pas au courant, car le dissimulait sous des pantalons ou jogging qui cachaient ses prothèses. Mais il a finalement fini par accepter de participer au shooting photo.
« Nous avons fait des photos de moi dans des positions variées de sprint. Je portais des shorts serrés laissant mes prothèses totalement visibles, à nu. Le photographe a ensuite posté quelques-unes de ces photos sur Facebook en me citant. Les commentaires que j’ai reçus par la suite m’ont totalement bluffé. Ils étaient remplis d’encouragement, de soutien, de compassion et de positivité. On m’a dit que je devrais embrasser mon handicap et le montrer sans crainte au grand jour. C’était incroyable ».
Cette gentillesse écrasante au sein des commentaires sur Facebook a instantanément renversé sa vision de la vie et de son handicap. À partir de ce moment-là, il a décidé qu’il ne chercherait plus jamais à cacher ses jambes, mais à les assumer, comme une source de motivation et d’inspiration pour aider les autres qui ont des problèmes.
« Je suis venu avec un corps bionique « Bionic Body » comme un emblème, une marque, pour créer de la motivation autour. Je me suis inscrit sur tous les réseaux sociaux possibles et ai commencé à afficher des tranches de ma vie et des photos et vidéos de mes entrainements, avec mes prothèses toujours visibles ».
L’éclosion d’un champion
Aujourd’hui, Bionic Body est devenu plus grand que jamais Edgard ne l’aurait imaginé.
La page Facebook de Bionic Body comptabilise plus de 24 000 j’aime (au moment ou je rédige cet article) et son profil Instagram compte plus de 76 000 abonnés.
Il inspire d’autres personnes, handicapées ou valides, motive des milliers de personnes chaque jour et reçoit régulièrement des emails et messages lui souhaitant le meilleur et le remerciant de leur avoir donné la force mentale de passer outre les obstacles de la vie.
Bionic Body a également ouvert de nombreuses portes pour Edgard. Athlète Myprotein et ambassadeur pour Ossur, une société islandaise spécialisée dans les prothèses orthopédiques non invasives. Gigagym est sa salle de prédilection.
« À l’époque où je me suis réinstallé à Paris, après avoir obtenu mon BTS, ma prothèse s’est cassée. C’était de vieux modèles que j’avais porté depuis ma jeunesse et elles me limitaient à la salle de musculation. Ce fut une aubaine, car je me suis rendu chez un spécialiste qui m’a équipé de prothèses impressionnantes, me permettant de charger les machines et les barres en toute sécurité et de travailler mes jambes a ma guise à la salle.
Grâce à mes prothèses, je peux effectuer une grande variété d’exercices pour jambes. J’aime faire :
- De la presse
- Du hack squat
- Du leg extension
- Des flexions de jambes
- Etc.
Je suis en mesure de contrôler le poids en toute sécurité sur ces exercices. Je peux également faire du squat avec une barre et du soulevé de terre, mais j’ai tendance à ne pas trop charger sur ces 2 mouvements. Plus c’est lourd, plus l’équilibre est difficile à gérer. ».
En septembre 2014, grâce à l’insistance de ses collègues et amis, super Edgard s’est payé les services d’un entraineur, préparateur physique, pour se préparer à sa 1ère compétition.
« Honnêtement, je dois admettre que je n’avais jamais envisagé de faire de la compétition. Je ne pensais pas avoir cela en moi ou un potentiel. Mais puisque beaucoup de gens que je connaissais m’encourageaient, j’ai décidé de tenter ma chance ! ».
Bionic Edgard a participé au Grand Prix des Pyrénées en avril 2015.
Le bodybuilding en fauteuil roulant n’est pas encore très répandu en France. Néanmoins, cela n’a pas empêché Edgard d’écrire au Directeur du Grand Prix des Pyrénées, qui s’est arrangé pour lui permettre de poser à côté des concurrents valides, même s’il ne serait pas jugé.
« Je suis un peu un cas particulier sur le papier, je fais partie de la catégorie en fauteuil roulant dans ce sport, mais en réalité, je suis assez chanceux pour être capable de me tenir debout et d’effectuer toutes les poses régulières obligatoires que l’on retrouve dans les catégories normales.
Pour moi, la possibilité de marcher sur scène parmi les athlètes valides a été ma plus belle expérience. Cela n’a pas de prix. ».
Après le show, l’entraineur et chef de l’équipe nationale française lui a demandé de participer aux Championnats d’Europe en Espagne, qui avait lieu 3 semaines plus tard.
En mai 2015, il a été couronné ‘Wheelchair IFBB European Champion 2015‘ en bodybuilding.
Le ciel est la limite
‘Sky is the limit’. J’adore cette phrase !
A l’instar de notre ami Philippe Croizon, Edgard nous offre une leçon de vie.
Aujourd’hui Edgard est un homme qui possède une nouvelle vision. Il a 2 compétitions à la suite fin mars 2016 et début avril 2016.
Il lorgne également sur les Championnats du Monde en novembre 2016, où il espère devenir le gagnant de l’IFBB Wheelchair Bodybuilding World Champion (champion du monde de culturisme en fauteuil roulant).
« Le bodybuilding est plus qu’une simple passion pour moi. C’est un mode de vie. C’est ce que je suis et c’est ce que je veux faire de ma vie. Je veux continuer de faire croitre Bionic Body et continuer d’aider, motiver, … autant de personnes que je le peux. Je veux devenir le plus grand champion que ce sport n’a jamais vu ».
Des histoires comme celle d’Edgard sont des sources énormes d’inspiration et elles sont un bon rappel qu’avec de la volonté, tout est possible. Comme Edgard aime à le dire :
« The sky is the limit » (le ciel est la limite).
Interview recueillie par bodybuilding.
Si vous avez un message à faire passer à Edgard, postez un commentaire en dessous de cet article 🙂
Ce mec est juste Magnifique..
Réel respect pour lui..
D’ailleurs il à participer à Colmar ce weekend !
Je découvre un grand champion et en même temps une leçon de vie ! Total respect,à méditer et beaucoup d’encouragements.
J’ai besoin de conseils pour ma rééducation. Je suis seule et je deviens très handicapée faute de soins.